N°33 : Le parfum anniversaire de Penhaligon's

Greg JACOMET
14/5/2015
N°33 : Le parfum anniversaire de Penhaligon's

C’est par un concours de circonstances heureux que Penhaligon’s se retrouve dans nos colonnes pour la 3ème fois en moins de 2 mois – l’an de grâce 2015 marquant en effet les 145 ans de l’auguste maison londonienne, une belle opportunité pour sortir un parfum-célébration en grandes pompes.

La semaine dernière se tenait donc, chez Son Excellence M. l’ambassadeur du Royaume-Uni à quelques encablures de l’Élysée, la soirée de lancement du dernier parfum de la maison, N°33 – ainsi nommé en hommage à l’adresse de la première boutique de la marque au 33 St. James Street, qui abrite aujourd’hui un restaurant.

Parisian Gentleman en était et nous avons eu le plaisir de repartir avec un flacon du nouveau parfum maison.

Pour un aficionado, la sortie d’un Penhaligon’s nouveau est toujours un petit événement en soi – et celle-ci ne fait pas exception. À vrai dire, nous l’attendions au tournant, ce parfum-anniversaire, avec peut-être même un peu d’appréhension : bien trop souvent avons nous vu des produits se faire broyer par la machine infernale du marketing, dont le boulot consiste trop souvent à vendre une « histoire », à défaut de disposer d’un produit véritablement convaincant.

Fort heureusement, il n’en est rien pour N°33.

Après l’avoir porté pour une semaine complète, voici mes premières impressions :

UNE PRISE DE RISQUE MESURÉE

Sans doute par volonté de proposer un parfum représentatif de plus de 145 ans d’histoire, N°33 ne change pas drastiquement les codes de la maison. On y retrouve donc, par exemple, la même lavande structurée que dans un Blenheim Bouquet, un Hammam Bouquet ou un Endymion, ou plus récemment dans le très bon Lothair.

L’ouverture est puissante et aromatique, sans tomber dans l’excès ostentatoire. Les notes hespéridées – orange, pamplemousse, bergamote – sont soulignées par un curieux accord coriandre / sauge / cyprès du plus bel effet pour l’essentiel de l’ouverture. La lavande est bien entendue présente et légèrement poivrée.

Imaginez les vapeurs d’un pot-au-feu s’échappant par la fenêtre d’un cottage sur la riviera méditerranéenne, un bouquet de lavande séchée sur le potpourri qui orne la table à l’ombre des cyprès – une image volontiers fleurie, j’admet (et puis j’ai une furieuse envie de pot-au-feu en écrivant ces lignes), mais curieusement assez représentative de mes premières impressions du N°33.

Ces notes presque « culinaires » se retrouvent à coeur : tandis que la violette, le jasmin et le géranium se réveillent – un superbe trifetca qui prouve, une fois de plus, que Penhaligon’s manie les fleurs comme personne – apparaît une singulière touche de safran et de cardamome.

N°33 suit, sur ma peau en tout cas, une progression plutôt linéaire, qui s’achève sur une base de vétiver / tonka musquée, tandis que la lavande tire sa révérence, ne laissant derrière elle qu’une rémanence un rien poivrée dans l’ombre des fleurs.

C’est chouette, c’est propre, c’est raffiné, mais ça me laisse un peu sur ma faim.

Passée la première heure, N°33 devient plus conventionnel qu’ambitieux, plus respectable que créatif, plus portable en définitive : le genre de parfum qui passe bien, en toutes circonstances, mais qui se contente de sentir bon.

Dommage ?

Penhaligon's 33

Comprenez-moi bien : N°33 est un parfum éminemment capable de plaire, mais sa progression somme toute assez audacieuse laissait augurer, peut-être, un final un peu plus excitant – particulièrement après l’ambitieux Lothair de la même maison, sorti l’année dernière, et qui s’est avéré être une surprise de taille, culotté et franchement réussi de bout en bout.

Mais si Penhaligon’s a préféré mesurer la prise de risque – après tout, peu de parfums masculins / unisexes de la maison accordent une place aussi important au vétiver – N°33 reste une belle réussite. Sans faire dans le révolutionnaire, la dernière offrande de l’institution londonienne reste un produit convaincant.

Peut-être suis-je un peu déçu parce que j’attendais quelque chose de plus osé – mais mes espoirs brisés sauront s’effacer devant ce qui est, indéniablement, un bel ajout à la gamme de la marque au noeud papillon.

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On aime : Une progression intéressante, qui joue avec grâce de notes inhabituelles, pour un résultat très facile à porter. La lavande et les accords floraux sont absolument superbes.

On aime moins : Sur ma peau, N°33 jouit d’une longevité à fleur de peau très correcte, mais j’aurai souhaité que le parfum se projette un peu plus, un peu plus longtemps. Un final un peu trop conventionnel à mon goût.

Site de la maison : Penhaligon’s

Crédit photos : Édouard Bierry

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